Appel d'un ange mélancolique en détresse

Les paroles ne suffisent pas pour vous exprimer à quel point vous me manquez tous. Les journées passent monotonement sans les continuelles taquineries raffinées de Phil, sans le soutient quotidien de l’amitié inestimable et inconditionnelle de Céline, sans la voix calme et apaisante de Benoit, sans la génuine timidité d’Emilie et sans la rafraichissante présence des plus jeunes tels Rémi, Samuel, Epoque et Zadkiel pour n’en cité que quelques uns...
Les départs engendrent inéluctablement de la souffrance, mais on ne se rend jamais compte à quelle point cette dernière peut être profonde avant la séparation. C’est donc en m’enveloppant de la chaleur douce des bons moments que vous m’avez offert que j’ai trouvé l’inspiration pour vous remercier à ma manière en composant ces quelques vers, dans la tentative de préserver intactes, les souvenirs que je porte jalousement dans le cœur.

Au delà des mers, Valkhyria la douce observe l’horizon
Se laissant bercer lentement par les vagues de sa prison
Le soleil est une chaude caresse sur son visage fin
Qui la laisse néanmoins insensible au paysage marin
Dans l’illusion d’échapper à la morse cruelle du présent
Refusant violemment d’affronter le futur imminent.
Elle s’enferme dans les recoins occultes de sa mémoire
S’accrochant farouchement à son passé sans le vouloir

Son exile sur l’ile secrète fut soit disant un châtiment
Qu’elle partagea avec Nirannor, le maitre sanglant.
Elle serait pourtant prête à serrer un pacte avec lui
Pour y retourner à nouveau, entourée de ses amis.
Patiente, elle trompe comme elle le peut le temps
En repoussant la solitude par la force de son chant.
Le démon est-il donc sourd à la détresse de sa voix?
Est-ce sa façon à lui de mettre son ange en croix?

Il lui dévoila un univers qu’elle ne connaissait pas
L’emprisonnant dans l’étreinte ardente de ses bras
Proclamant qu’il le fit par pur plaisir de la possession
Bien qu’elle le sentit frémir, captif de sa propre passion
Il lui ouvrit les portes de l’éternité d’un baiser de feu
S’opposant sans crainte aucune au vouloir des dieux
Elle accepta son don d’immortalité sans restrictions
Sombrant dans le gouffre fatal de la contradiction

Soumise, elle savoura avec remords ses lèvres brulantes
Et s’enivra outrageusement de son aura ensorcelante
Charmé, il ravagea longuement sa bouche avec délice
Le cœur et le corps pliés sous l’emprise d’un tel supplice
Tous deux affolés de la soudaine ferveur passionnelle
Il refusèrent de chavirer vers les abysses du plaisir charnel
Follement fascinés l’un de l’autre sans raison cohérente
Il se séparèrent enfin avant que le Diable ne les tente…

Qui des deux fut la proie désignée et qui le prédateur affamé
Nul parmi les mortels ne pourrait à ce jour le témoigner
Leur liaison chimérique fait trembler terres, mers et cieux
Décrétant sans appel, le bon et le mauvais temps des lieux
Inspirant les litanies et les aubades d’un Barde effronté
Qui sans peur fredonne leur chroniques à plein gosier
Et animant la plume inlassable de Mystic sur parchemins
Qui en grave à jamais les contes pour le plaisir de chacun.

P.S. : «Il se séparèrent enfin avant que le Diable ne les tente… » toute allusion est purement involontaire… ou presque! ;P

Bon à vos plumes, qui réussira à sauver l'ange de sa mélancolie... ^^

Invité

Marchant paisiblement entre les arbres centenaires de la forêt, l'halfeline observait les variations de lumière que produisaient les rayons de soleils en traversant le branchage des arbres. Une douce brise caressa de son frêle baiser les joues de l'herboriste, apportant avec elle le murmure d'un chant mélancolique qu'elle ne connaissait pas et qui ne ressemblait en rien aux chants de la nature. L'intensité de ce chant était céleste et ne pouvait provenir que d'un seul être que beaucoup se flattaient d'avoir rencontré, mais sans jamais pouvoir en apporter la preuve.

Il était des légendes qui parlaient d'une femme aux blancs atours qui apparaissait parfois pour redonner aux plus démunis un espoir qui semblait à tout jamais perdu. Cependant, elle avait apprit à se méfier de ce qui était dit dans ces contes qui mêlaient avec subtilité la réalité aux rêves, mais elle ne pouvait ignorer ce chant qui résonnait maintenant dans son cœur et son esprit. Elle resta alors immobile, ferma ses grands yeux et écouta plus attentivement la voix portée par le vent afin d'en percevoir toute les nuances.

C'est alors que des profondeurs de la forêt naquit une lueur s'approchant sans bruit de la jeune femme. Arrivée à ses côtés, la lueur se dissipa et laissa apparaître un magnifique félin au pelage de neige qui frotta doucement sa tête contre l'épaule de l'halfeline. Surprise par ce contact, l'herboriste ouvrit alors les yeux pour s'appercevoir qu'elle était allongée à l'ombre d'un grand chêne.

Etait-ce un rêve ? Elle ne pouvait en jurer, car dans son cœur résonnait inlassablement ce chant mélancolique dont elle ne pouvait rester indifférente. Alors elle se leva, ramassa son sac qu'elle mit à l'épaule et partit à la recherche du tigre blanc, suivant la brise qui l'entraîna plus profondément dans la forêt.

Le ciel se fit sombre et un orage éclata avec rage au dessus de la calotte invisible qui entourait le navire sur lequel Valkhyria était prisonnière. Elle avait tenté maintes fois de s'envoler, mais après s'y être heurtée douloureusement pour retomber sur le pont de l'embarcation, elle abandonna toute autre tentative.

La pluie battante glissait à présent à flots le long de cet étrange bouclier d’énergie pure sans réussir à le pénétrer et il commença à scintiller de milles éclats dorés sous le martèlement de chacune des gouttes le frappant. Elle pouvait maintenant observer l’étendue de sa geôle et bien que le spectacle qui se dévoilait à elle fut d’une resplendissante beauté, elle n’y trouva aucune jouissance, consciente plus que jamais de son enchainement et de son impuissance. Plus elle se démenait et plus le bouclier se renforçait, comme s’il se nourrissait de sa rébellion.

Un éclair vint secouer soudainement la coupole ambrée, provocant une déchirure temporaire trop petite pour y passer physiquement, mais peut être assez grande pour lui permettre la télépathie. Elle s’assit donc le dos contre le mat central et commença la méditation en attente du prochain coup de foudre qui lui aurait offert l’espoir de la communication. Une fulguration suivie d’un long et lointain grondement arriva une dizaine de minutes plus tard provocant une faille plus large, bien que tout aussi rapide. Elle sentit pour une fraction de seconde son cœur bondir d’espoir quand elle caressa enfin les pensées d’une créature appartenant à la race des halfelins. L’ange ne savait combien de temps cette tempête aurait duré, mais elle avait toute l’intention de profiter de chaque opportunité pour reprendre cette étrange correspondance qui représentait peut être l’unique différence entre sa libération et l’oubli. Seule une pensée la tracassait… ne connaissant l’identité de son tortionnaire, dieux ou démon, aurait-il à son tour entendu son appel et qu’elles auraient été les conséquences...

Invité

Le vent faisait frémir les branches des arbres et apportait avec lui la promesse d’un orage avenir. De fines gouttes de pluie réussirent à se frayer un chemin entre les feuilles et tombèrent silencieusement sur le sol de la forêt que foulait l'halfeline. Suivant un chemin invisible, l’herboriste avançait sans se préoccuper un seul instant des éléments qui l’entourèrent. La seule pensée qui occupait son esprit était celle de retrouver cette apparition coute que coute et ni le vent, ni l’orage n’auraient eu raison de son obstination. Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, elle avançait de plus en plus vite au milieu d’une végétation qui se faisait plus dense à chaque pas, comme si la forêt tentait en vain de la retenir, mais rien n’y fit. Plus agile qu’un chat, elle se faufilait sans peine entre le tronc des arbres jusqu’à arriver à l’ultime frontière de la forêt.

Une fois les derniers arbres passés, il était impossible d’aller plus avant. D’abruptes falaises formaient les remparts fragiles de la terre face à la mer qui, lorsqu’elle se déchaine, vient fracasser ses vagues puissantes contre les hauts murs de pierre qui finissent par s’effriter, laissant l’eau gagner du terrain. l'herboriste s’était avancée avec précaution jusqu’au bord de la falaise et laissa son regard balayer les flots torturés. Le vent soufflait beaucoup plus fort à présent, giflant de ses bourrasques le petit visage qui resta impassible tel celui d’une statue de marbre. Nul n’avait la faculté de pouvoir discerner quoi que ce soit au milieu de ce combat entre les éléments.

Le ciel orageux n’était plus qu’une ombre menaçante qui se déplaçait au gré des vents, mais la sinistre vision fut par moment perturbée par de magnifiques éclairs qui zébrèrent l’horizon avant de se perdre dans les abîmes. C’est alors que l’halfeline cru distinguer la silhouette d’une embarcation malmenée par les flots, mais rien n’était moins sûre.

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